Sacré Dilem !
Sacré Dilem !
Il est sans doute le plus grand, le plus caustique et le
plus téméraire. Ce caricaturiste algérien est issu du sursaut populaire d’Alger
de 1988 comme son vaillant prédécesseur, l’intraitable Kateb Yacine, est issu
des massacres coloniaux de mai 1945.
Dilem, c’est la voix des dominés, exprimée non dans le
langage ciselé des genres nobles, mais dans le « sous-genre » de la
caricature, celui que les classes
modestes comprennent et affectionnent.
Ce billet est une pensée pour le crayon intelligent d’un
homme engagé, d’un contestataire inclassable, dont les dessins ont fait
trembler tous les amateurs de dictature en Algérie : les généraux, les
corrompus, les caciques du régime, les dignitaires qui ont remplacé les colons,
les responsables du naufrage national et tous ceux qui ont la phobie des
attroupements plébéiens et dont le cœur est rempli de dédain envers ceux qu’ils
ont avilis.
En portant son art à la perfection, Dilem enchaîne les prix
internationaux en même temps que les procès dans son pays : pour
« offense au chef de l’état », « outrage à institution »,
« diffamation », atteinte à l’islam, etc. Condamné par le pouvoir d’Alger
à un cumul de près de 9 ans de prison ferme, il l’est aussi par les
fondamentalistes islamistes qui ont édicté une fatwa de mort à son encontre. Mais
avec un courage exemplaire, le caricaturiste, exilé à Paris, continue à répondre
aux menaces de mort et au harcèlement judiciaire par le dessin corrosif. Depuis
plus de dix ans, Bassît, le citoyen ordinaire, lambda des lambdas, en
ouvrant son journal, rigole chaque matin de la bêtise de ses gouvernants. Et
cela, il le doit à Ali Dilem. Un jalon, avec ses amis journalistes, d’une
presse en mouvement de libération...
Naravas
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