les lettres de Djamila Bouhired : le régime laisse mourir nos héros
Le régime laisse mourir nos héros
Les lettres de Djamila Bouhired
Après leur assassinat physique pendant les
années 1970, les héros de la guerre de libération algérienne sont à présent écartés
par le régime et confinés dans un isolement mortel. Djamila Bouhired, aujourd'hui âgée de près de 75 ans, symbole
international de l’émancipation des peuples colonisés, lance un appel aux
Algériens pour…accéder à des soins hospitaliers. Honte à vous les hauts gradés
de l’armée, honte à vous Monsieur le Président, vous avez laissé mourir nos
héros ! Qu’est ce que c’est que cette Algérie que vous nous avez fabriquée ?
Un pays où les corrompus s’empiffrent et se vautrent et les héros crèvent de
faim ?
Naravas
Les Lettres de Djamila Bouhired, parues dans la presse algérienne :
A Monsieur le Président d’une Algérie que j’ai voulue
indépendante
Monsieur,
Je me permets d’attirer votre attention sur ma situation
critique. Ma retraite et la petite pension de guerre que je perçois ne me
permettent pas de vivre convenablement. D’ailleurs, mon épicier, mon boucher,
ma supérette pourront témoigner des crédits qu’ils m’accordent.
Il ne m’est
jamais venu à l’esprit de compléter mes revenus par des apports frauduleux qui,
malheureusement, sont très fréquents dans mon pays. Je sais que certains
authentiques moudjahidine et moudjahidate sont dans la même situation,
probablement plus critique. Je n’ai pas la prétention de les représenter ici,
mais au poste où vous êtes, vous ne pouvez ni ne voulez connaître leur
dénuement.
Ces frères et soeurs, dont l’intégrité est connue, n’ont bénéficié
d’aucun avantage. La somme qui leur serait allouée ne pourrait dépasser les
honoraires généreux attribués aux députés et sénateurs, ainsi qu’à vous-même et
à tous les alimentaires qui vous entourent. Ainsi, je vous demanderais de ne
plus nous humilier et de revaloriser notre dérisoire pension de guerre afin de
vivre dans un minimum de dignité le peu de temps qui nous reste à vivre.
Avec
mes sentiment patriotiques.
Djamila Bouhired
Le 9 décembre 2009
_________
Lettre de Djamila Bouhired au peuple algérien :
Si je m’adresse à vous, c’est parce que, pour moi vous représentez
ce peuple multiple, chaleureux et généreux que j’ai toujours aimé. Aujourd’hui,
je me vois dans l’obligation de faire appel à vous.
Permettez-moi tout d’abord de me présenter. Je suis Djamila
Bouhired, condamnée à mort en 1957 par le tribunal militaire d’Alger.
Je me trouve actuellement dans une situation critique. Malade,
les médecins m’ont conseillé trois interventions chirurgicales lourdes et coûteuses
auxquelles je ne peux faire face : l’hospitalisation, les interventions
chirurgicales, les soins, les médicaments et l’hébergement dans un hôtel, ne
peuvent pas être couverts par ma retraite et la petite pension de guerre. Aussi,
je vous demanderais de bien vouloir m’aider dans la mesure de vos possibilités.
Avant de terminer, je voudrais remercier chaleureusement
certains amis des pays du Golfe que je considère comme frères pour leur générosité
et leur compréhension, offre généreuses et spontanée à vouloir me prendre en
charge, offre que j’ai dû refuser.
Avec tous mes remerciements aux sœurs et frères algériens et
ma fraternelle affection.
Djamila Bouhired
Le 9 décembre 2009