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15 juillet 2009

Katia Bengana, assassinée pour l'exemple

Katia Bengana
 
assassinée pour l'exemple

               hidjab
                Le 28 février 1994, Katia Bengana, une lycéenne algéroise sortait de son école de Meftah pour se rendre à son domicile comme à son habitude. Depuis quelque temps, des embêtements d’un genre nouveau surgissent dans les rues et les quartiers d’Alger. Bien que la jeune adolescente de 17 ans ne manquât pas de charme, les garçons qu’elles rencontraient ne sifflaient pas d’admiration à son passage, ne lui lançaient pas des mots grivois et ne tentaient nullement de la séduire. L’objet du « litige » n’a pourtant pas changé : ce sont ses cheveux, ses formes et ses jambes qui constituent la préoccupation des gardiens désœuvrés du nouvel ordre religieux. On était à ce moment aux premières euphories de la guérilla intégriste, dont on attendait qu’elle renverse le régime algérien afin d’instaurer une République dite islamique. 

Katia avait été avertie. Aux pressions qui pesaient sur elles, elle répondait qu’il lui était impossible de mettre le voile (hidjab, différent du simple foulard). Aux yeux des intégristes islamistes, elle avait non seulement le tort de refuser de draper sa beauté dans un tissu gris, mais elle affichait clairement ses opinions à ses camarades, dont certains lui collaient instantanément l’étiquette d’une moutabarridja (terme coranique idéologiquement galvaudé pour signifier « dévergondée »). Ces « occidentalisées » constituaient selon l'idéologie islamiste un danger permanent pour la vertu des croyant(e)s.

Aux exhortations succédaient les menaces. On l’accostait à présent devant les magasins pour lui conseiller de mettre le voile,…si elle voulait garder la vie. Katia refusait de céder. Ses parents, informés, vivaient dans l’inquiétude.

Ce jour là, pour échapper aux dangers de la rue, Katia pressait le pas. Une camarade l’accompagnait. A quelques pas du lycée, un jeune homme islamiste a surgi d’'un coin et a fait signe à cette camarade de s’éloigner. Celle-ci est partie en courant, laissant seule Katia face à cet inconnu. La jeune adolescente n’a pas eu le temps de comprendre la signification de ce manège. Son assassin prit un fusil à canon scié (mahchoucha) et le vida sur son corps non voilé.

Il y avait quelques autres filles sans voile qui sortaient du lycée. Mais Katia avait été choisie pour l’exemple. C’est le cas qui devait instruire toutes les femmes, qui devait symboliser le sort qui attend les vivantes si jamais elles s’avisaient à déroger à l’ordre islamiste. Le corps inerte de l'adolescente qui gisait dans sa mare rouge était un signe, un message, une écriture adressée aux autres lycéennes et aux femmes algériennes en général. Les intégristes n'avaient pas donné à Katia la même chance que certaines autres femmes non voilées du pays, dont on arrosaient les jambes découvertes ou le visage avec de l’acide. Le stade du wa’dh (conseil et exhortation) était depuis longtemps dépassé, on était passé au dharb (coups), mais quel dharb !

Une décennie plus tard, la mort tragique de Katia Bengana est oubliée par le nouveau pouvoir de Bouteflika, qui instaure une réconciliation nationale forcée et un pardon général pour tous les assassins, tandis que les « Qui-tue-quistes » excellent dans la désinformation, en présentant sciemment son cas comme « un drame passionnel ».  C’est une voix émouvante que celle de son père qui, désespérément, tente de prendre la parole dans un contexte de charivari idéologico-médiatique.

Naravas

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Commentaires
D
Beaucoup d'émotion en lisant la destinée de cette jeune résistante ; ici, en France, le voile se développe comme une maladie contagieuse.<br /> <br /> Les paroles du père ne sont plus accessibles, dommage.<br /> <br /> Merci de cet article.
L
Bonjour à tous <br /> <br /> <br /> <br /> Je souhaite faire une proposition car il me semble que cette histoire doit servir pour les générations futures <br /> <br /> Je propose que l'on face des courriers au Maires afin d'édifier une rue au nom de Katia Bengana<br /> <br /> Si vous avez des propositions dans ce sens
T
Katia est au paradis, allah yarhamha
N
@ Zghayda et @ Amina :<br /> <br /> C'est formidable qu'il y ait des femmes comme vous qui se souviennent...<br /> Cela touche non seulement sa famille mais toute l'Algérie ! Elle est sans doute un symbole de plus en plus important, malgré les manipulations de quelques idéologues qui essayent d'innocenter les islamistes de ce crime.
A
...... que dire face a la douleur d'un père d'une mère, d'une famille toute entière... que dire devant cette impuissance envers un état qui ne rend pas justice qui pire encore s'adresse aux mauvaise personne pour proposer son aide, est ce une insulte envers cette jeune et jolie jeune fille a la fleur de l'âge arrachée a sa vie qui devait être pleine d'accomplissement vue sa force de caractère et son respect de ses propre valeurs et principes, personnellement ce jour du 28 février est un jour de révolte mais aussi de douleur..... je te demande pardon Katia, pardon katia de ne pas pouvoir demander des comptes a mon état concernant ton lâche assassinat, pardon pour ce méprit total envers les victime de cet intégrisme religieux et pourtant dieu n'est que bonté et pardon..... comment a-t-on pu en arriver là, je sais que je ne t'oublierais jamais katia aussi je n'oublierais les principes pour lesquels tu n'es plus là...... une sœur algérienne
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