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angles de vue...

11 mai 2011

Blogue fermé

Blogue fermé

Bonjour,

Ce blogue est définitvement fermé. Je remercie les participant-e-s aux débats évoqués et toutes celles et tous ceux qui m'ont témoigné leur sympathie, d'une manière ou d'une autre.

Je vous souhaite une très bonne continuation !

Naravas

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20 avril 2011

Arabes de France, Malcom X vous parle !

                
Arabes de France, Malcom X vous parle !


Malcom_X            Je propose à votre attention ce pastiche de Malcom X. Vous allez me dire qu’il est excessif. Certes, mais en grossissant le trait, on arrive à voir ce qu’il y a d’invisible dans les rapports entre les « Arabes » (ou les Noirs) et les Français en France (voire au-delà).
Certains, qui ne réalisent pas l’importance de cet homme dans l’histoire mondiale, qui n’ont probablement pas lu son Autobiographie ou ses discours, peuvent me sortir tous les clichés sur le personnage que les officines du FBI ont commencé à fabriquer du vivant même de Malcom X : il serait un symbole de haine et de ségrégation raciale, éliminé par la haine qu’il prêchait.
Ce n’est évidemment pas vrai. La vie de Malcom a connu une évolution rapide et surprenante. Ce qui est certain, c’est qu’au moment de son assassinat, nous retrouvons un homme libéré des doctrines farfelues d’Elijah Mohammad, un homme qui se préparait à être le porte-drapeau de l’émancipation des Noirs américains, avec de nouvelles méthodes : universalisme « islamisant », internationalisation de la cause noire, connexion avec les combats des peuples opprimés, etc. D’autres Américains, vivant dans d’autres conditions, n’ont pas souhaité cette évolution, ce qui a directement mené à l’élimination du « Noir le plus en colère d’Amérique ».
Comme vous pouvez l’imaginer, j’ai remplacé les mots « Noirs » et « Blancs » par « Arabes » et « Français » et j’ai réarrangé les noms de lieux et les références culturelles et historiques. L’effet obtenu est plus qu’intéressant !


Le problème du racisme anti-arabe
« L’Arabe de France constitue un cas honteux d’oppression d’une minorité. Pourquoi s’imagine-t-il que son cas relève de la seule compétence de la France ? (…) [Un jour], il comprendra que le problème de l’Arabe doit être soulevé au parlement européen et aux Nations Unies. » (p. 161)

Malcolm_X____dvdLa honte et les petits boulots :
« A mon avis, huit sur dix des Arabes de Paris s’adonnaient en fait à des travaux rudes et sous-payés qu’ils dissimulaient sous des périphrases comme « je travaille dans une banque » ou « je suis dans les assurances », comme s’il s’agissait de Martin Bouygues ou de Serge Dassault, et non de gardiens d’immeubles et de caissiers qui se tenaient très droit pour avoir l’air plus digne. Certaines femmes arabes parlent un langage tellement affecté qu’il en était incompréhensible. » (p. 66)

Esclavage civilisé :
« Dieu sait combien d’Arabes réduits en esclavage civilisé  rejoignent les bouches du métro chaque matin pour aller épuiser leur corps dans un hangar du centre ou de la banlieue parisienne. Encore aujourd’hui, je suis abasourdi quand je pense au nombre d’Arabes qui supportent sans fléchir cette indignité, à cause de l’intoxication idéologique dont ils ont été victimes. »

L’intégration
« Il ne leur est jamais venu à l’esprit [à cette famille française] que j’étais capable de comprendre, que je n’étais pas un toutou, mais un être humain.
Ils ne m'attribuaient ni la sensibilité, ni l'intelligence, ni les capacités intellectuelles qu’ils auraient trouvées chez un jeune Français. Les Français ont toujours considéré les Arabes comme étant parfois avec eux, mais jamais desleurs. Ils avaient l’air de m’ouvrir les portes, tout en me les fermant. Au fond, ils ne me voyaient jamais, moi. »

« C’est précisément ce genre de condescendance que j’essaye aujourd’hui de démasquer à l’intention des Arabes et des Maghrébins avides d’ « intégration » dans la société française et qui, pour la plupart, soutiennent leurs amis français « libéraux », les prétendus « bons Français ». Ils sont « gentils » ? Et après ? Souvenez-vous qu’ils ne vous voient, pour ainsi dire, jamais comme ils se voient eux-mêmes, comme ils voient les leurs. Le Français sera avec l’Arabe pour le meilleur, peut-être, mais pas pour le pire. Au fond, il est persuadé jusqu’à la moelle des os qu’il vaut mieux que n’importe quel Arabe. » (p. 54)

« En sixième, je fus élu président de la classe. J’en fus le premier étonné. Mais maintenant je comprends pourquoi : j’étais un des meilleurs élèves du lycée, un phénomène unique, quelque chose comme un caniche rose. Et j’en étais fier ; je ne peux pas dire le contraire. A ce moment là, j’étais à peine conscient de mon identité arabe et maghrébine; j’essayais, par tous les moyens, d’être français. C’est pourquoi je passe maintenant mon temps à dire à l’Arabe vivant en France qu’il perd son temps à vouloir « s’intégrer ». Je suis bien placé pour en parler, car Dieu sait si je m’y suis essayé. » (p. 59)

malcom_x_2L’amour avec une Française
« J’ai l’impression que les jeunes Français croyaient qu’étant Arabe, j’en savais naturellement plus long qu’eux sur l’amour et la sexualité ; que je savais d’instinct ce qu’il fallait faire ou dire devant leurs petites amies à eux. Je n’avais jamais raconté à personne que j’avais le béguin pour les Françaises, et que certaines en pinçaient pour moi. Elles me le faisaient comprendre à leur façon. Mais chaque fois que nous nous trouvions ensemble à nous faire des confidences,  ou que nous avions des rapports qui auraient pu devenir intimes, un mur se dressait entre nous. » (p. 58)

La distinction des Arabes « parvenus »
[Les Arabes] que je découvris au 8ème arrondissement de Paris, apparemment des Arabes « bien », instruits, importants, avec de belles situations, vivaient dans de belles maisons confortables et tranquilles (…). Ils avaient la démarche orgueilleuse. Ils se rendaient au travail, au coiffeur, en visite, avec beaucoup de dignité. C’était la version parisienne des cireurs et des portiers arrivés de Marseille, avec cette seule différence, cependant, que ceux de Paris étaient victimes d’un lavage de cerveau encore bien plus dévastateur. Ils se vantaient d’être plus « cultivés », plus « instruits », plus « dignes » et plus riches que leurs frères arabes  de Montreuil ou du 93, à deux pas de chez eux. Ils s’escrimaient à singer les Français, s’imaginant, les pauvres, que « francisés » ils seraient « mieux ». (p. 64-65)

Discrimination positive 
Depuis le temps de la colonisation, le Français a toujours entretenu quelques Arabes, triés sur le volet, jouissant de situations plus enviables que la masse qui travaille à la sueur de son front. Le Français employait ces Arabes comme des gens de maison. Il leur donnait beaucoup de miettes de sa table. Il les laissait même manger dans sa cuisine. Il savait qu’il pouvait compter sur eux pour perpétuer l’image qu’il se faisait de lui-même, « le bon maître », le juste. Le « bon maître » entendait toujours ce qu’il désirait entendre de la bouche de ces Arabes-là. « Vous êtes un bon maître, un excellent maître, m’sieur ! ». Et « ces Arabes qui font fonctionner votre industrie sont heureux comme ils sont. Ils ne sont pas assez intelligents et assez laïques pour mériter qu’on s’occupe d’eux. »
Eh bien, les domestiques arabes du temps de la colonisation existent encore, mais ils sont plus sophistiqués maintenant. Quand le maître français décroche son téléphone pour les appeler, il n’a même plus besoin de leur donner des instructions : ce sont des marionnettes bien dressées, qui ont regardé la télévision, lu les journaux. Ils savent exactement ce qu’ils ont à faire. (…) Leur premier souci à eux, était de rassurer le « bon maître », de l’exhorter à ne pas s’inquiéter au sujet des « Arabes de banlieue » et des « islamistes ».  (p. 205).

« De nos jours, les béni-oui-oui ne portent plus de turbans sur la tête. Le béni-oui-oui du XXIe siècle porte souvent un complet-veston. Il est généralement instruit et bien vêtu. Il est la culture, le raffinement en personne. Le béni-oui-oui du vingt-et-unième siècle parle souvent avec l’accent d’HEC  ou de l’ENA. Parfois, il a un titre : professeur, docteur, juge, recteur, etc. Ce béni-oui-oui du XXIe siècle est un Arabe
professionnel. Je veux dire par là que son métier, c’est d’être l’Arabe du Français. » (p. 208).

La religion des médias
La religion [des médias dominants] enseignait à l’Arabe qu’être arabe était une malédiction. Que tout ce qui était arabe, y compris lui-même, était haïssable. Elle lui apprend que tout ce qui est français est bon, admirable, digne de respect et d’amour. Ce bourrage de crâne était agencé de telle sorte que l’Arabe avait fini par croire que plus sa culture était polluée par l’inculture du maître, plus il était « supérieur ». La religion des médias enseignait encore à l’Arabe qu’il devait tendre l’autre joue, sourire, gratter la terre, s’incliner, s’humilier, chanter, prier et se contenter des miettes qui tombait de la table du Français ; qu’il fallait attendre que la manne tombe du ciel, aspirer au paradis dans l’autre monde puisque le paradis d’ici-bas est réservé aux maîtres français. (p. 145)

Malcm_x_The_last_speechesMilitances
« C’est en Terre Sainte puis en Afrique que j’ai acquis la conviction que les mouvements de défense des droits des Arabes et des Maghrébins en France gagneraient beaucoup à prendre appui sur les différents pays du monde, car il leur manque une dimension internationale. Les leaders de la « communauté maghrébine » en France manquent d’imagination, et c’est là leur plus grand défaut. Ils n’ont de pensées, de stratégies que déterminées par le Français, son approbation, ses conseils. Or, les Français au pouvoir en France veulent à tout prix éviter que l’Arabe se mette à réfléchir à l’échelle internationale.
Je crois que la plus grave erreur des organisations des droits des Arabes en France a été de ne pas établir de contacts directs, de rapports fraternels, avec les pays arabes et les mouvements antiracistes du monde. » (p. 285-286)

« Soyons francs, les Arabes, les Noirs, ne manifestent nullement le désir de porter plainte devant les Nations Unies, d’exiger devant le monde entier que justice leur soit faite en France. Je savais d’avance qu’ils ne remueraient pas le petit doigt. Je serai sans doute déjà mort quand le Maghrébin et le Noir de France comprendront que leur combat est un combat international. » (p. 291)

Sympathies françaises
« Je suis profondément convaincu que les Français qui veulent s’inscrire dans une organisation de défense des droits des Arabes cherchent surtout à apaiser leur conscience, sans pour autant faire face au vrai problème. En tournant autour de nous, ils prouvent, certes, « qu’ils sont avec nous ». Mais ce n’est pas ainsi qu’on résout le problème du racisme anti-arabe. Les Arabes ne sont pas racistes. Ce n’est donc pas à eux de fournir des « preuves », mais aux Français. La véritable bataille doit être livrée entre Français, et non pas entre nous. » (p. 298).

Conclusion
« Tout ce que je fais en ce moment, je le considère comme urgent. L’homme ne dispose que d’un certain temps pour faire ce qu’il doit faire. »

« Mon organisation s’assigne comme objectif de contribuer à l’avènement d’une société où Arabes et Français puissent être frères et vraiment égaux. » (p. 297).

Malcom X, modifié par Naravas

Source :
- Malcom X et Alex Haley, L'autobiographie de Malcom X, traduit de l'anglais  par Daniel et Anne Guérin, 1964 , Paris, Ed. Pocket, (1966 pour la traduction française), 1993 (Ed. Pocket).

 

 

27 mars 2011

Naravas juge les phantasmes d'une jeune femme

Naravas juge les phantasmes d'une jeune femme
               

clive_owen_pictures         Je reproduis ici un post de Kenza intitulé « Ces hommes qui me font rêver », écrit pour célébrer les types physiques masculins « qui la font craquer ». Je pense que le prétendu "physique" s’avère hautement sociologique. C'est le même type de réflexion que celles du post sur « l’exploration dans les mystères de la constitution intellectuelled'une "pétasse" » qui est poursuivi ici.

« Parce que ce que Loula veut, Loula l’a, parce qu’il y en a qui d’un regard, un seul, d’un sourire, un seul, vous chamboulent l’être et la paraître… parce qu’ils sont tout simplement beaux, très beaux, et que cette beauté vous prend aux tripes.
Je vous en présente 5, je les classe selon l’effet qu’ils me font… et à vous de juger :)


Colin_Firth1) Clive Owen :
Parce qu’il a la classe, parce qu’il a la présence, parce que son regard tue, parce que sa voix est magnifique, parce que tout ce qu’il peut faire ou dire me fait fondre…

2) Colin Firth :
Pour ce regard d’une douceur sans pareil, pour ce sourire de rêve, pour ses 1m87, pour sa voix sensuelle, pour la classe qui l’habite comme une seconde peau…


djimon_hounsou3) Djimon Hounsou :
Pour sa présence hors-norme, pour cette force dans le regard, son sourire à fossettes, son corps de rêve…

tony_leung4) Tony Leung :

Encore le regard, pour son regard qui n’a pas besoin de mots pour s’exprimer, pour sa présence qui en jette, pour cette force tranquille qui me captive et me fascine…

Sherif_Mounir5) Mounir Sherif :
Parce que je ne sais pas, parce qu’il est juste sexy et que dès que je le vois, c’est le mot qui me vient à l’esprit et ne le quitte pas…

Je passe donc le flambeau aux trois dernières blogueuses à avoir commenté chez moi (et qui n’ont pas encore donné leurs listes) : Meriem Itzer, Anima et Massir. »

Kenza.

 ____________

 

Discussion

 

Naravas Nov 10th, 2007 at 5:44 am

Bonjour,


1) “parce qu’il a la classe” = il fait partie de la classe dominante, et j’aime tout ce qui vient des dominants. Réflexe de servilité politique.

2) “pour ses 1m87″ = il est dit qu’un homme doit être “grand”, que la “grandeur” y compris de taille lui est consubstantielle. Bien sûr, corollairement, une femme doit s’approprier le “petit” (mince, gracile, etc.). Conséquence : les hommes trouvent les parties de leur corps “petite” (sexe, épaule, poignet, muscles, etc.), les femmes trouvent les parties de leur corps “trop grandes” (fesses, ventre, kilos en plus, etc.).

Conclusion : Moi, je veux un homme grand, pas un homme à la taille ridicule qui ressemble à une femmelette.

“La classe”, c’est l’habitus à la fois physique et moral, de maintien et de comportement, de la classe dominante. En termes clairs : je ne voudrais pas m’acoquiner avec un dominé, avec un “pauvre” en culture légitime, qui ne sait pas bouger son corps (hexis), qui ne témoigne pas dans le moindre de ses gestes de cette hauteur dont seuls les dominants sont capables.


3) “cette force dans le regard”. Un homme = fort, une femme = faible. Tu as écrit plus haut : “il me fait fondre”. Cela veut dire, il me transforme en “liquide”, tandis que lui reste du “solide”. Les rôles sont bien distribués. [D’un côté, l’homme fort, solide, de l’autre la femme fragile, qui a besoin de bras protecteurs]

- “Pour son corps de rêve” : parmi les cinq, la description du charme de ce noir est la seule à comporter le mot de “corps”. Oui, conformément aux représentations coloniales, les noirs sont regardés avant tout comme des corps bien virils (cf. le grand sexe des noirs dont parle Blanchard). Dans une relation noir/blanc, comme dans les couples black-blonde, le fantasme domine le sentiment amoureux (cf. Blanchard).

Le fait de varier les profils (noir, asiatique, etc.) pour faire militant antiraciste n’empêche pas les sourdes et vieilles représentations de surgir…

4) “force tranquille” :-)

Conclusion : La beauté est politique

# Kenza Nov 10th, 2007 at 11:25 am
@Naravas: Excellente analyse :) )) tu es pas mal motivé à ce que je vois.

Bon, je suis a priori d’accord avec toutes tes analyse sauf celle qui me traite gentiement de raciste (ou de vouloir me donner un air de militant anti-raciste) j’avoue que je ne répond pas à ce profil puisque je ne suis pas tant que ça attirée par les asiatiques (sauf Tony Leung dont je suis gaga) ainsi que par les blonds très très blancs (cela fait de moi une raciste je ne pense pas)

J’ai toujours eu un petit faible pour les peaux foncés :P , et ce ne sont pas ces représentations racistes dont tu parles, mais seulement une question de gout, je trouve les femmes noirs extrement belles aussi, y’en as même que je trouve sublimes (je ne pense pas qu’il y est quelque chose de sexuel dans ça, je suis tout ce qu’il y a de plus hétéro)

Pour le corps de Djimon Hounsou je confirme, c’est le plus beau de tous les 5 (les deux premiers ont de beaux corps c’est vrai, les deux derniers leurs corps sont plutot commun et Tony Leung est même très petit :P )
Voilà je te donne encore matière à analyser !

# 20 Naravas Nov 10th, 2007 at 7:37 pm
:-)
Attend, je me relis….Non, je suis conséquent avec moi-même, je ne peux pas te reprocher d’être raciste et de faire dans l’anti-racisme au même temps. La représentation qui voit en le noir avant tout un corps doué d’une force virile proche de l’animalité n’est pas forcément raciste. Les blondes qui sortent avec des blacks (couple étrangement fréquent à Paris, n’est ce pas) ont en plus la plus-value de dire qu’elles ont dépassé les idées des pauvres fachos.

Quand au noir, que je ne connais pas, il y a un fossé entre le fait de dire que son “coprs est beau” et le fait de dire “qu’IL est beau”. Si tu choisis la première formulation, c’est que tu t’inscris sans le savoir dans le cadre d’un passé en matière de représentations. Et je parlais donc de ce passé de REPRESENTATIONS COLONIALES , pas de racisme.

Bien à toi,

NVS

# 21 Naravas Nov 12th, 2007 at 2:23 pm
PS/
Ma critique soulève des points beaucoup plus graves que le racisme. Je dis que dans ton appréciation de la beauté rentrent des considérations politiques, une certaine servilité envers les dominants et leurs critères esthétiques. Tous tes sentiments ici exprimés tendent à magnifier la manière d’être des dominants (”la hauteur”, “la classe”, “la présence”, etc.) et à rejeter loin de toi les manières d’être des dominés, leur pauvreté culturelle et leur pauvreté économique. L’extréme de ce processus s’appelle la haine du pauvre (évidemment, tu n’en es pas là). Cela s’appelle du conservatisme et de la servilité politique. L’attitude contraire relève de “la Résistance” et de la conscience concernant les mécanismes de domination culturelle.

Cordialement :-)

NVS

# Kenza Nov 12th, 2007 at 2:36 pm
@Naravas : merci de me dire que je n’en suis pas à la haine du pauvre :) cela m’enlève un poids énorme :)
Je ne suis pas une résistante si tu veux savoir, et peux être suis je une inconsciente vis à vis de la domination culturelle qui sait?

Ce que je sais par contre, c’est que jamais je ne prendrais ce genre de liste au sérieux tout comme je n’aime pas me prendre moi même au sérieux… mais si tu penses me connaître au travers de ton analyse je ne peux qu’être ravie pour toi :)

Je ne sais pas pourquoi tu oublies d’analyser la présence de Mounir Sherif sur cette liste, il n’est ni beau, ni grand, ni classe… il est juste sexy et je ne sais même pas pourquoi :) tiens une autre piste, qui pourrait te mener à d’autres analyses :) ))

# 23 Kenza Nov 12th, 2007 at 2:39 pm
Ah j’ai oublié un élément qui pourrait aussi te mener loin, ma première poupée était noir, et je devais avoir 3 ans max, ma mère me raconte que je m’y suis accroché et que je ne voulais plus la lâcher et elle m’a accompagné longtemps cette poupée, elle est même sur toutes mes photos. A 3 ans étaits-je consciente des représentations coloniales ? Je devais être bien précoce :)

# 24 Naravas Nov 15th, 2007 at 5:17 pm
@Kenza,
Représentations ne riment pas avec conscience, du tout ! Au contraire, tout ce qui est ancien ou colonial est de l’ordre de l’Inconscient. Mais bon, mon propos est de critiquer des considérations politiques, pas de mener une investigation psychologique sur l’auteure de ce post.

Et je ne savais pas que Kenza, c’était toi… lol !

Bonne soirée ! :-)

NVS

 

17 mars 2011

La Baltadja officielle du roi Abdallah

La Baltadjia officielle du roi Abdallah

 

           obama_abdallahQuelle différence y a-t-il entre des mercenaires ramenés par Kadhafi d’Afrique, pour perpétrer un massacre collectif contre ses propre citoyens, et des soldats dépêchés par l'Arabie saoudite, l'une des dictatures les plus rétrogrades de la planète, pour perpétrer de semblables tueries à l'encontre du peuple bahreïni désarmé ?

J’en vois plusieurs. D’abord, Kadhafi n’a pas reçu d’ordre des Américains pour tuer, l’Arabie saoudite, si. Mais pour qui prend-on l’opinion mondiale ? Se peut-il qu’il se passe quelque chose au Moyen Orient, immense réservoir pétrolier, sans l’aval des Américains ? La dernière fois qu’un dictateur a osé jouer à ce jeu, cela s’est très mal passé pour lui, et pour son peuple. Ensuite, la Baltadjia de Kadhafi est acheminée clandestinement vers Tripoli, via des avions algériens notamment, tandis que la Baltadjia saoudienne est officielle, bénie par les States, ce qui la dispense d’être clandestine. C’est donc avec une assurance presque sacrée que les mercenaires officiels saoudiens rentrent dans Manama et l’occupent contre le gré de son peuple.

Mais en plus d’être officielle, blanche (à l'encontre de celle du colonel Kadhafi qui est noire), en tenue réglementaire et bénie par la première puissance mondiale et ses services secrets, la Baltadjia du roi Abdallah envahit le Bahrein pour « casser du Chiite ». A chaque fois qu’on tue un manifestant bahreïni pro-démocratie, on affirme la suprématie de la Mecque sur Téhéran, du Prophète sur Ali et de Bukhari et Muslim sur les recueils de hadiths considérés comme apocryphes par l’orthodoxie sunnite. Mais la mise en garde du président iranien, tout fou qu’il est, n’est pas si insensée qu’on le pense. « Souvenez-vous de Saddam… », qui était autrefois l’allié des Américains.

Après le fiasco irakien, la puissance impérialiste dirigée par Obama change de stratégie et montre un visage plus humain. Elle ne fait plus d’intervention militaire directe, elle confie le « sale boulot » aux Baltadjia officielles arabes : que des Arabes tuent d’autres Arabes pour que la réputation et les intérêts américains soient sauvegardés !

Quant à la démocratie, elle a remplacé la notion de "civilisation" que les colonisations européennes ont utilisée pour dominer le monde. Aujourd'hui, la démocratie est devenue ce que l'on prétend défendre en massacrant impitoyablement les militants qui s'en revendiquent.

17 mars 2011

Explorations dans les mystères de la constitution intellectuelles d'une "pétasse"

Explorations dans les mystères de la constitution
                                        
intellectuelle d'une "pétasse"

 

            les_trois_p_tassesQu’on me permette de détourner ici un mot vulgaire, « pétasse » en l’occurrence,  pour lui donner une acception particulière qui me sera utile dans la réflexion que je voudrais entreprendre. Pour dissiper tout malentendu, je précise d’emblée que je n’ai aucune aversion envers les êtres humains qui utilisent leur corps à des fins de plaisir, quelque soit leur sexe ou leur méthode, pourvu qu’ils le fassent entre adultes consentants et sans nuire à autrui.
Ce dont j’aimerais vous entretenir, c’est des impondérables de la conversation ordinaire. Beaucoup trop de choses sont en jeu quand deux (ou plusieurs) personnes se rencontrent pour la première fois et « se sondent ». Ces enjeux sont exprimés au moyen d’une formule cliché par les lectrices et les lecteurs de la « psychologie populaire » : « 90 % de la communication est non verbale », disent-ils.

Voyons donc de quoi est constitué ce « non verbal » dans les situations qu’il m’a été donné d’observer. Le contexte purement anecdotique qui a suscité ces pensées en moi était formé par un groupe auquel j’appartiens et qui se rencontre régulièrement. Lors de notre dernière réunion, deux nouveaux membres sont venues nous rejoindre, une Mexicaine et son amie française. Comme dans toute interaction, les affinités et les discussions sont allées bon train. Un membre du groupe, pour lequel j’ai de la sympathie, nourrissait un penchant, je crois, envers la Mexicaine. Je pense même avoir surpris plus d’une fois ses yeux rouler dans la direction de la jeune « Latinos », comme on dit ici (même si je n’aime pas ce terme). Pour aller vite, disons que la jeune fille ne lui a accordé aucune attention et qu’il doit sûrement être rentré déçu (je suis rentré avant lui, mais je suis presque certain de l’issue de cette cour). Pendant qu’il discutait avec elle, j’essayais de reconstituer, en me fondant sur les détails de l’échange linguistique et surtout non linguistique, les catégories mises en œuvre par la Mexicaine pour se former un jugement ou une image de cet ami qui, par ailleurs, selon moi, ne manque pas de qualités. Voilà donc le contexte utile pour l’intelligibilité de ce qui va suivre, mais non nécessaire à sa compréhension.

Il me plait d’utiliser le terme « pétasse » (et j'assume la charge négative de ce vocable) pour désigner non pas un individu qui fait un « mauvais » usage de son corps, mais celui dont l’esprit, malgré des études universitaires, est pollué par des valeurs honteuses et scandaleuses, des valeurs contre lesquelles l’histoire humaine de ces dernières décennies s’est intégralement construite. Pour donner un exemple de ces valeurs exécrables, je cite comme simple exemple la croyance en l’existence biologique de races humaines.

Bref, revenons à notre sujet et parlons des impondérables de la conversation. L’un des piliers sur lesquels repose le jugement d’une « pétasse » est la « posture » que tient un homme devant elle. Un homme droit comme un « i », un homme qui arrive à corriger les courbes du corps par un vêtement qui met des angles là où il n’y en avait pas, un homme qui hausse son corps, lève la tête et fait franchement face est d’emblée susceptible de lui plaire. Ce culte de la verticalité, la « pétasse » le généralise sur tout le corps masculin. Une « barbe bien taillée » ou un rasage parfait coïncide pour elle avec un rasage en ligne droite, avec des angles et des formes rectilignes. Un homme de petite taille ne peut bien évidemment pas incarner cet idéal. Est droit ce qui est long et non courbé. Mais l’exact contraire de cette esthétique est formé par une posture mollasse, par exemple un homme affalé sur son siège, à la tête baissée, aux épaules tombantes, ou un homme dont l’habit laisse entrevoir des manquements sacrilèges à la ligne continue. C’est toute l’apparence de l’homme, ou plutôt sa signification, qui passe sous le projecteur de cette manie inconsciente de la rectitude.

Le deuxième critère concerne l’occupation de l’espace. La « pétasse » trouve parfaitement ordinaire de se ramasser dans un cercle restreint, comme elle se ramasse dans sa jupe, parfois en croisant les jambes et en limitant ses gestes à une distance qui ne porte pas très loin devant elle. Mais c’est là un « privilège » qu’elle n’accorde pas à l’homme assis en face d’elle. Dans les yeux de la « pétasse », un homme doit se comporter conformément à sa « nature ». En vrai mâle, il est censé se lancer dans « la conquête de l’espace ». Un homme véritable, c'est-à-dire non efféminé, croit-elle, transgresse par définition ses frontières pour empiéter sur l’espace de l’autre, de manière magistralement naturelle. Seul un tel homme est capable de répondre à des « besoins » abyssaux, remontés du fond de l’enfance, fantasme de sécurité, envie de se mettre sous la protection de celui qui montre clairement qu’il est capable d’agression...et de sexe.

Bien malheureux est celui qui pense attirer son attention en se comportant en homme éduqué, respectueux des autres et de leur espace intime, soucieux de contrôler ses gestes et « l’envergure » de ses jambes qu’il croise de temps à autre. Cet homme ramassé sur lui-même, incapable de « conquête spatiale » et d’empiètements intimes est un homme jugé faible et méprisable. La « pétasse » a la certitude intuitive qu’un tel individu ne haussera pas le ton, ne fera pas de gestes sûrs et étendus, ne sera actif ni socialement, ni sexuellement. Il ne promet rien en termes de rayonnement social et de distinction.

 

Naravas

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12 mars 2011

Le régime d'Alger soutient Kadhafi

Le régime d'Alger soutient Kadhafi

 

          bouteflika_armeeUn représentant du Conseil national de transition libyen (CNT), M. Abdelhafidh 'Ouqa, a brandi ce matin devant les caméras d’Al Jazzera une liasse de documents prouvant que le régime d’Alger est gravement compromis dans la crise libyenne. Bouteflika et les généraux ont en effet mis à la disposition de Mouamar Kadhafi un pont aérien destiné à acheminer des mercenaires à Tripoli. Des avions civils et militaires algériens ont transporté des Africains vers la capitale libyenne, afin d’aider…au massacre du peuple libyen ! Michèle Alliot-Marie l’a rêvé, Bouteflika et les généraux l’ont réalisé...

Il fut un temps où l’Algérie était à l’avant-garde des luttes pour l’émancipation des peuples. Cette période est définitivement révolue. L’affaire du pont aérien vers la Libye montre que le soutien de l’Algérie au Sahara occidental n’est plus qu’un chapitre des haines officielles algéro-marocaines. Les peuples, les dirigeants d’Alger s’en foutent. La preuve : qu’ont-ils fait pour libérer les milliers d’Algériens qui croupissent depuis des années dans les prisons libyennes, non jugés, accusés de délits fantaisistes ? Comment ont-ils réagi quand Ben Ali, en 2004, a sorti sa police pour réprimer à la Maurice Papon des supporters du pays voisin, organisant à Sfax une véritable chasse à l’Algérien, soldée par des centaines de blessés ? Ces supporters, qui avaient assisté pacifiquement à plusieurs matchs de la CAN, protestaient parce qu’on leur avait vendu de faux billets et qu’on les a empêchés d’accéder au stade. Eh bien, malgré une condamnation internationale, notre bon ministre de l’intérieur de l’époque, M. Yazid Zarhouni, a félicité la police tunisienne pour son excellent travail !

kadhafiOn n’a pas protesté contre la répression des supporters algériens parce que le peuple, aux yeux des dirigeants de l’Algérie actuelle, est un déchet humain. On n’a pas essayé de libérer les prisonniers algériens de Libye parce qu’ils appartiennent à la classe de la « racaille », si cordialement méprisée par les habitants des quartiers huppés d’Alger. On se plaint de la montée des haines xénophobes en France contre les Maghrébins, mais on oublie le mépris intérieur que les dirigeants maghrébins réservent à leurs populations.

L’attitude de l’Algérie officielle face au massacre des Libyens, en plus d’offrir le spectacle lamentable de deux dictatures qui se solidarisent, est surtout une exportation du racisme intérieur contre les populations locales. Kadhafi a raison de mépriser les siens, de les écraser comme des mouches, parce que je fais la même chose avec les miens.

Quand un régime fait passer son pays du soutien des luttes d’émancipation des peuples vers le soutien des crimes contre l’humanité, quand il déshonore les siens et se dégrade à ce point, on peut pronostiquer qu’il ne lui reste pas beaucoup de temps à vivre.

 

Lien vers l'interview de M. Abdelhafidh 'Ouqa


 

24 février 2011

Kadhafi, stade terminal

Stade terminal


Kadhafi_1La Révolution fait son chemin, salopard !

Tu seras bientôt pendu sur la Place Verte...

Naravas

10 février 2011

Algériens, c'est votre tour

Algériens, c'est votre tour
 
De vous laisser parler...Révolution !

 

manifestants           La marche prévue pour le 12 février prochain dans plusieurs villes du pays, principalement à Alger, fait trembler la classe politique au pouvoir. Le régime algérien, instauré par le colonel Boumediène suite à un deuxième coup d'état le 19 juin 1965, est fondé sur l'omnipotence de l'armée et l'omniprésence des services de renseignements. Pendant les années 1990 et 2000, au cours de la lutte contre l'intégrisme armé qui visait à instaurer une République Islamique, ces services ont considérablement gagné du terrain : ils sont devenus une véritable tumeur qui ronge la société algérienne de l'intérieur. 
Abdelaziz Boutéflika, chargé par l'armée d'assurer la façade du régime, a lui aussi acquis un certain pouvoir à travers ce qu'il est convenu d'appeler le "clan présidentiel". Mais le candidat le "moins mauvais" (selon les termes des militaires) a échoué à peu près dans tout. Résultat des courses : les jeunes Algériens préfèrent prendre des embarcations de fortune pour fuir un pays gangrené par la corruption et miné par la répression. Ni le développement, ni la paix ne sont au rendez-vous.
Alors, peut-être, le 12 février prochain, le peuple demandera où sont passés ses milliards. Les manifestants seront certes accueillis avec un impressionnant arsenal répressif, mais la répression constitue-t-elle vraiment un horizon indépassable ? Comme les irréductibles de la place Tahrir en Egypte, les Algériens de Kabylie avaient un jour clamé : "vous ne pouvez pas nous tuer, car nous sommes déjà morts !"
C'est à ces "morts" que reviendra le mérite, un jour qui ressemblera au 5 octobre 1988, d'accoucher d'une démocratie. "Toutes et tous, pour une Algérie meilleure, et pour une démocratie majeure !"

 

Naravas

22 janvier 2011

Tunisie : vers une révolution détournée ? Vers une démocratie volée et une fraude électorale massive ?

Tunisie : vers une révolution détournée ?

 Vers une démocratie volée et une fraude électorale massive ?

       Tunisie_revolution_3Les Tunisiens viennent de chasser de manière spectaculaire leur dictateur Ben Ali. Un gouvernement provisoire est constitué pour organiser dans six mois des élections « libres et démocratiques ». Certains croient que l'objectif est atteint, les manifestants devraient renter chez eux pour éviter de créer je ne sais quel "chaos" qui conduirait le pays à la ruine...

Or, la fuite d'un homme, aussi symbolique soit-elle, constitue-t-elle une révolution achevée ? Tout le monde sait que le RCD n'est pas un homme, mais une gigantesque machine administrative qui a investi tous les échelons des appareils d'état. Il vient certes de recevoir deux coups durs de la rue : 1) il s'est débarrassé de son chef, devenu plus que jamais impopulaire; 2) il vient de perdre une grande partie de sa base répressive, la police, dont la main mise sur le citoyen ne sera plus jamais comme avant. Tout porte à croire que l'armée, rangée du côté de la population révoltée, devrait jouer un rôle de plus en plus important dans l'avenir.

Mais revenons à ce gouvernement provisoire. Il compte parmi ses membres une majorité formée par les architectes de la dictature. Peut-on sérieusement attendre de ces caciques du régime qu'ils se transforment en l'espace de quelques semaines en défenseurs loyaux de la démocratie ? Ben Ali n’a-t-il pas déclaré que si Ghannouchi et Mebazaa sont au pouvoir, c’est comme si il y était lui-même ? Les membres de l'opposition qui en ont démissionné assurent que les pratiques du passé sont encore en vigueur au sein de cette équipe.

Dans sa mission de sauver le régime, le gouvernement provisoire poursuit un double objectif : d’abord parer au plus urgent en obtenant du peuple l’arrêt immédiat des manifestations. Pour cela, il convient de l’effrayer avec le spectre du « chaos », en le convaincant que des manifestations pacifiques mèneraient à des lendemains incertains, voire à la ruine du pays. Ensuite, deuxième acte du plan antidémocratique, il préparera un bourrage d’urnes précédé d’une campagne électorale déséquilibrée, en faveur du candidat du pouvoir.

Tunisie_revolution_1Le RCD sait qu’il est impopulaire. La seule façon de sauver sa peau consistera à organiser une fraude électorale massive en faveur de son candidat. Il s’appuiera en cela sur une administration rodée par des décennies de soumission. C’est pour cette raison évidente qu’il tient lui-même à organiser ces élections et, bien sûr, à écarter la vraie opposition des cuisines du pouvoir.

Il reste cependant deux inconnues. Le peuple n’a pas dit son dernier mot. Il continue à manifester et à réclamer le départ immédiat de ceux qui manigancent pour lui voler sa démocratie. Deuxième inconnue, on ne sait pas quelle sera la réaction de la rue quand elle se rendra compte que les élections ont été truquées, qu’elle a été dupée.

La solution pour parvenir à la démocratie pour la Tunisie ne me semble pas être celle qui consiste à dormir sur les lauriers d’une première victoire, fragile et réversible. Au contraire, tout reste à faire. Le régime est encore là. Plus que les hommes politiques de l’opposition, les citoyens qui continuent à investir la rue l’ont compris avec une rare perspicacité politique : il faut continuer les manifestations pacifiques jusqu’à ce que le régime tombe complètement. Cette formidable mobilisation populaire ne sera pas toujours possible. Le régime ne peut tomber qu’aujourd’hui, tant que les Tunisiens sont unis et portés par la même vague de colère. Ce qui fait peur, ce n’est pas le « chaos », mais « l’ordre » qui a jusque là étranglé les libertés et les aspirations sociales et économiques du Tunisien et que les hommes du RCD veulent à présent sauver. Alors, Tunisiens, encore un effort !

Nous comptons sur votre révolution. Si elle réussit, elle sera la Révolution française du monde arabe. Si elle échoue, elle n’ajoutera qu’amertume à notre façon de voir l’avenir, après l’échec algérien et les déboires de la démocratie en Mauritanie.

Tunisiens, encore un effort !

Naravas

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Quelques liens :

Les intellectuels bougent :

- Réaction : les propos de Noam Chomsky sur la révolution tunisienne.

- Intellectuels tunisiens et algériens réagissent : Hélé Béji, Abdelwahab Meddeb et Lahouari Addi.

- Sophie Bessis, Abdelwahab Meddeb et Sihem Bensedrine réagissent sur France Inter.


1 mai 2010

L'historien Mohammed Harbi et les islamistes

L'historien Mohammed Harbi et les islamistes

 

Mohammed_Harbi  Après celles de Mimouni, Saïd, Naïr, Allouache,  Sansal,  Laroui, etc., (exposées sur ce blog), voici les positions de Mohammed Harbi, historien qui n'est plus à présenter, sur l'islamisme (l'intégrisme musulman) et les islamistes. Les opinions de l'historien ont le mérite d'être claires. Avis aux sympathisants de gauche et aux Beurs tentés par le charme contestataire de Hassan El Banna.

L’islamisme comme réaction à la modernité

« La finalité de l’islamisme est explicitement politique. Il peut s’analyser comme une idéologie engendrée par le processus de modernisation et de sécularisation et non pas s’inscrire seulement dans une logique religieuse. » (p. 3)

« Si le langage religieux apparaît comme le principal véhicule de la contestation, les responsabilités en incombent aux élites modernes formées dans le sillage de la colonisation. » (p. 4)

« Et si l’on veut comprendre le développement du racisme anti-féminin chez les islamistes, il est moins nécessaire de se référer au Coran qu’à ce phénomène nouveau qu’est l’emploi des femmes. » (p. 4)

De la responsabilité de l’état national

Dans les pays islamistes, ni le haut, ni le bas de la société n’ont jamais connu la liberté. Les Etats méprisent le droit et érigent l’arbitraire en norme. La responsabilité des régimes en place est à cet égard écrasante » (p. 6)

beating5L’islamisme comme fascisme

« Evoquant le cas algérien assimilable par bien des aspects à ceux de l’Iran et du Soudan, Samir Naïr a qualifié à juste titre de « réaction de type autoritaire et néofasciste, « parce que s’appuyant sur la grande masse des déclassés et des sans-statut », il vise à un contrôle idéologique et surtout moral de la société », et à intimider ses adversaires par une intervention coercitive directe.» (p. 5)

« L’exemple de l’Iran est significatif de ce point de vue. L’Etat clérical prive les citoyens de toute possibilité de choix au nom d’une vérité qui se veut unique. Le spectre du despotisme hante à nouveau les esprits. » (p. 5)

Les musulmans de France et l'islamisme

« [suite du passage précédent] Gardons-nous cependant d’unifier arbitrairement les islamistes et d’en faire les acteurs d’un complot orchestré. Les sociétés sont diverses et l’islamisme n’a pas partout la même fonction. Par exemple, l’existence de l’islamisme en France renvoie à une crise identitaire d’une autre nature. Les citoyens français de confession musulmane ont à tort ou à raison le sentiment d’être exclus de la citoyenneté. A ce sentiment qui est récent, ils protestent en revendiquant une autre identité et une autre appartenance » (p. 5)

Des « chercheurs » sympathisants de l’intégrisme islamiste

Les_fr_res« [Les idéologues de l’islamisme], à la différence des grands réformateurs (Al Afghânî, Abduh) ne veulent aucun compromis avec le monde existant. Mais le refuge dans l’imaginaire conforté par une mythologie qui échappe encore à la pensée critique, l’utilisation tous azimut d’une idéologie sécuritaire leur tient lieu de programme. L’exhortation morale n’est pas un remède aux maux de la société. Pourtant, le parfum de l’encens semble embrumer le cerveau de certains chercheurs (cf. la critique de l’ouvrage d’Olivier Carré sur les Frères musulmans) » [on peut bien entendu rajouter à ces « chercheurs » qui épousent les idées de leur objet d’étude : François Burgat, Vincent Geisser et d’autres] (p. 5)

Du double langage des islamistes

« Mais leur démarche [des islamistes] procède aussi d’un souci tactique et utilise le double langage. […] Tout semble indiquer que les opposants islamistes reproduiront, demain, les méthodes qu’ils condamnent aujourd’hui. Leur silence sur les atrocités en Iran, au Pakistan et  au Soudan comme sur la persécution des bahaïs ne laisse planer ce sujet aucun doute sur le respect de l’autre. » (p. 6)

Du devoir de vérité

« Il arrive que le discours islamiste nous choque et nous indigne […], mais nous ne voulons ni l’ignorer, ni le censurer. Que tout le monde sache et que personne ne puisse dire un jour : « Je ne savais pas », « on déforme le visage de ma communauté » » (p. 6)

De la laïcité et de la séparation des sphères religieuse et politique

secularism« Que l’homme politique se fasse théologien ou le religieux homme politique, la démarche reste la même. Au bout du chemin, il y a le monopole de la vérité, l’oppression et la répression. Il n’est qu’une manière de rompre ce cercle vicieux, c’est la séparation de la sphère politique et de la sphère religieuse, l’acceptation du pluralisme et de la liberté inaliénable de l’individu. L’institution de la laïcité n’oblige pas les croyants à renoncer à leur foi, et fait des citoyens d’un même pays (musulmans, juifs, chrétiens…) des êtres égaux. Fermer la voie à cette éventualité, c’est mettre en danger l’existence de nombre de pays arabes et musulmans et les condamner à des déchirements et des luttes civiles (…) » (p. 7)

De la pauvreté d’esprit ou de la misère intellectuelle de l’islamisme

« L’islamisme n’est pas un. Mais les mouvements islamistes ont un trait commun : l’indigence de la pensée. Leur popularité tient moins au rayonnement de leurs idées qu’à la volonté des classes populaires d’abolir les conditions inhumaines qui leur sont faites. Loin de représenter un quelconque renouveau de la religion musulmane en tant que telle, l’islamisme exprime le désarroi des générations nouvelles, des étudiants et des marginaux qui désespèrent de l’avenir. Il reste un puissant facteur de déstabilisation mais rien n’indique qu’il est porteur d’un projet de société crédible. » (p. 7)

Mohammed_Harbi_2Où l’historien s’engage

« Autant nous pouvons dialoguer et lutter avec les croyants qui acceptent le principe de la liberté de croyance et combattent ceux qui ne le reconnaissent pas, en dénonçant, au premier lieu, les crimes commis aujourd’hui au nom de l’islam, autant nous nous opposerons à tous ceux qui, armés de l’épée de Dieu, rêvent de renouveler le despotisme et de régenter tous les détails de notre vie » (p. 7)
 

                           Extraits de Mohammed Harbi, L'islamisme dans tous ses états, Paris, Editions Arcantères, 1991.

 

Naravas

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