« Assassinats » mystérieux de mendiants sur les Champs Elysées
« Assassinats » mystérieux de mendiants
sur les Champs Elysées
Les restaurateurs parisiens, particulièrement ceux de « la
plus célèbre avenue du monde », donnent depuis plusieurs années une
consigne étrange à leurs employés. A la fin du service, le chef charge ces
derniers de rassembler la nourriture invendue dans des sacs en nylon et de
l'arroser... d'eau de Javel (ou d'un produit équivalent). Cette pratique,
fréquente au sein des chaînes de restauration et de restauration rapide, vise, intentionnellement cela va sans dire, à empêcher
les mendiants qui fouillent après minuit dans les poubelles de manger la
nourriture non servie. Le principe est simple : on détruit ce qui n'est pas échangé
contre de la monnaie sonnante et trébuchante.
Les raisons de santé qui pourraient être invoquées pour
expliquer ce comportement ne sont pas satisfaisantes. Le mendiant, s'il n'était
pas empêché par le chlore, aurait mangé à minuit ce que le client a mangé à 23h30.
La nourriture ne se détériore pas en l'espace d'une demie heure. Certains
clients, d'ailleurs, ne mangent pas sur place, préférant emporter avec eux
leurs plats ou leurs sandwichs. De plus, la responsabilité juridique du
restaurateur n'est pas engagée. Dans tous les cas, le mendiant mangera à peu près
tout ce qu'il trouvera de "comestible" au fond de sa poubelle,
quelque soit son état et quelque soit la conduite du restaurateur. Au
contraire, mettre du chlore s’apparente à une tentative d’empoisonnement…
La seule explication qui me semble valable est celle d'un
capitalisme honteux qui s'assume : « tu ne payes pas, tu ne manges pas. Tu
risques de mourir ? Eh bien meurt, ta vie ne rapporte pas de l'argent, elle
n'est pas utile au capital. » Et, effectivement, les mendiants meurent,
tandis que des tonnes de nourriture chlorées sont jetées dans les ordures.J'ai vécu dans une société traditionnelle où j'ai connu des
chasseurs. Ces derniers donnaient plus de chance à leur gibier « non
humain » que les restaurateurs aux mendiants « humains ». Non
seulement ils lui laissaient une chance de s'en sortir, mais ces paysans qui vivaient
en harmonie avec la nature, laissaient toujours une petite partie de leur récolte
pour, disaient-ils, « nourrir les animaux » (par exemple, une branche
de vigne pleine de raisins laissée exprès pour les oiseaux).
Une question éthique pour le pays des droits de l'homme : doit-on
sous prétexte de pauvreté « assassiner » des mendiants ou les laisser
mourir de faim, après les avoir laissés mourir de froid ?
Naravas