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angles de vue...
10 mai 2007

Abrogeant et abrogé

Abrogeant et abrogé

Le problème qui se pose avec le Coran, c’est que sur le même thème (la femme, le jihad, la prière, etc.), le texte ne dit pas la même chose. Face à ce phénomène, il y a deux positions :

1)      Une position logiciste : qui dit que ce texte se contredit, qu’il n’est pas possible qu’une divinité fluctue ainsi sur des questions importantes, qu’un message divin est absolument parfait et non contradictoire, ce qui à l’évidence n’est pas le cas du Coran, qui nous montre un Dieu qui change souvent d’avis. Ce chemin mène à l’incroyance.

2)      Une position théologico-herméneutique : qui dit que la Révélation, pour des raisons d’adaptation à la communauté des croyants, a procédé progressivement ou tactiquement pour ainsi dire. Que, de toute façon, Dieu est libre de changer d’avis (comme le dit un verset) mais que c’est toujours son dernier avis, ou sa dernière contradiction_1_prescription qui compte.

Mais si l’on prend alors en compte que le dernier avis, on est obligé, sous peine de contradiction, d’annuler ceux qui le précèdent sur la même question. Or, là il se pose un problème de taille : les dernières sourates, chronologiquement parlant, correspondent à un temps historique où le Prophète avait acquis un pouvoir certain, ce qui s’est traduit par un durcissement accru au niveau des versets (comme ceux de l’épée par exemple). Inversement, les premières sourates, correspondant à une phase où le Prophète était « faible » politiquement, appelaient davantage à la tolérance. Il s’ensuit que si, sur une même question, on ne doit prendre en compte que le dernier avis de Dieu, on ne prend que ce qu’il y a de plus dur, parfois de plus intolérant ! C’est cela la loi de l’abrogeant et de l’abrogé. Tu trouves une belle phrase dans le Coran qui appelle à la paix ou recèle de la sagesse, tu es très content mais tu ne sais pas que cette même phrase a été abrogée (annulée) par une autre phrase chronologiquement ultérieure dans l’ordre de la Révélation et qui est beaucoup plus intolérante ! Là, réside le drame…

Exemple : les versets de l’épée, chronologiquement postérieurs, annulent d’innombrables  versets tolérants antérieurs.

Cette règle exégétique, inventée par la Tradition pour se tirer d’un mauvais pas, pour trouver à vrai dire une échappatoire aux contradictions que recèle le texte (mais existe-t-il d’autres moyens pour se tirer d’affaire ? L ), est devenue la bête noire du musulman moderniste. Soit il reconnaît que le Coran se contredit, ce qui le mène à une position d’incroyance. Soit il accepte la règle de l’abrogeant et de l’abrogé, ce qui le mène à une religion "intolérante"…

Sa hantise : et si ce beau verset que je lis est en vérité abrogé ? En effet, on est jamais sûr que tel n’est pas le cas…

Si on s’amusait à supprimer physiquement, c'est-à-dire à effacer tout simplement du texte les versets abrogés, le Coran devient, parait-il, un texte de seulement quelques dizaines de pages ! Un tel texte n’a jamais été édité, à cause principalement de la sacralisation du Coran intégral comme « objet intouchable », et à cause des vagues de protestation que cela susciterait. Le croyant de base, d’ailleurs, ignore tout de ces controverses et de la loi de l’abrogeant et l’abrogé et croit que la Parole de Dieu est parfaite et sans contradiction de bout en bout. Seuls les exégètes ont été torturés par ces problèmes…

Alors, que suivre, ce que Dieu a dit en premier ou ce qu’il a dit en dernier ?

En niant cette règle, comme tentent de le faire beaucoup de penseurs modernes, ne remet-on pas en question la cohérence du Coran elle-même ? Parce que cette règle, aussi défectueuse qu’elle puisse être, a pour souci et conséquence principale, de sauver Dieu de la contradiction.

PS/

Certains penseurs l'ont pourtant niée, considérant que la partie mecquoise de la révélation est plus pure, plus originale, que la partie postérieure, qu'ils invitent à négliger.

Cf. Rachid Benzine, Les nouveaux penseurs de l'islam, Paris, Éd. Albin Michel, coll. « L'islam des Lumières », 2004.

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Commentaires
N
C'est incroyable,<br /> Un type qui prend pour pseudo "haine" m'accuse moi-même de verser dans la haine... Voilà où ous en sommes !<br /> <br /> NVS
A
Et vous, lettré Samir, c'est le RamadHaine qui vous conduit ? Une petite ghazwa pendant ce mois sacré ?<br /> <br /> Note du service d'hygiène sociale et intellectuelle: Ramadhan nuit gravement à la santé.
S
c une preuve que vous connaissez rien sur l islame,c la haine qui vous conduit.
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